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Une vidange de barrage réussi, mythe ou réalité ???
Auteur : Guillaume LANÇON vice président du club « Carpe Nature Haute Corrèze »
 
Pourquoi nos barrages doivent être vidangés ? La réglementation stipule que les parties immergées des barrages doivent être inspectées pour garantir la sécurité des ouvrages et surtout des personnes. Ce contrôle doit avoir lieu tous les 10ans avec possibilité d’une dérogation avec report pour la vidange totale si une inspection subaquatique des parements est réalisée. C’est pour cette raison que la plupart de nos retenues sont vidangées totalement tous les 20ans.
 
Pour satisfaire la réglementation, l’exploitant demande tous les dix ans une autorisation de vidange de la retenue aux services administratifs concernés. Un comité de pilotage est constitué. Il s’agit d’un groupe formé de représentants de l’état comme la Direction Départementale de l’Agriculture, l’Office National de l’Eau et des Milieux Aquatiques chargées de la police de l’eau, mais aussi de la fédération et de l’association de pêche locale, de l’exploitant etc. Ces personnes suivent en temps réel l’abaissement de la retenue et propose des actions à l’exploitant pour limiter l’impact sur le milieu.
 
La vidange du barrage des Chaumettes dit le « Pont Rouge », a été réalisée fin août dernier. Cette retenue située en Haute Corrèze pour une superficie de 75 hectares et une profondeur d’une trentaine de mètres, stocke quelques 7 500 000 m3 d’eau.
 
Pour réaliser cette vidange, d’important moyen ont été mis en œuvre par EDF notamment pour l’aspect piscicole. Le premier consiste à la création d’un bassin de décantation à l’aval du barrage. Il permet de limiter le départ des sédiments et évite ainsi le colmatage des habitats et notamment des frayères à truites.
Le deuxième investissement fut consacré à la mise en place d’une pêcherie à l’aval du barrage. Il s’agit d’un ouvrage maçonné muni d’une grille positionnée sur le cours d’eau. Elle permet de récupérer le poisson passant par la vanne de fond lors de la vidange.
 
Le troisième moyen est l’emploi d’un pêcheur professionnel. Ces missions ont été définies par l’intermédiaire d’une convention élaborée en partenariat avec EDF, la fédération de pêche et le pécheur. Elle précise les modalités de pêche notamment la pêche au filet de la retenue pendant les quinze jours précédent la phase finale de la vidange et la destination des poissons.
 
Les anciens qui avaient assisté à la dernière vidange datant de 1988, étaient très très pessimiste quand au devenir du poisson « c’est pas la peine d’y aller, à part pour ramasser du poisson crevé »… Nous étions très inquiets et nous appréhendions en plus la pêche au filet sur nos jolies carpes et notamment la perte de la plupart de nos sujets…
A la fin du mois de juillet, nous, les membres du Club Carpe Nature Haute Corrèze dont je suis le vice président, commencions à nous inquiéter vivement, notamment pour savoir si nous pourrions assister de près ou de loin à cette vidange, avoir accès à la pêcherie, connaître le devenir de nos poissons que nous pêchons depuis près de 15ans. J’ai la chance d’avoir réalisé mes études et de travailler dans la gestion des milieux aquatiques et de l’environnement. Ce poste me permet d’appréhender les modalités et les difficultés d’une telle vidange.
En posant quelques questions, je me suis aperçu que nous avions la possibilité nous investir dans cette vidange. Après quelques échanges, nous avons pu être intégrés dans la gestion de la pêche. Cette dernière est très réglementée. Il s’agit d’une pêche exceptionnelle autorisée par l’intermédiaire d’un arrêté préfectoral. Par exemple, les noms des participants doivent être inscrits sur ce document.
Nous avons déterminés la destination de nos carpes. Elles ont été mises en stabulation dans un étang appartenant à l’AAPPMA locale afin de les remettre dans la retenue lors de sa remise en eau. Après avoir contacté le pêcheur professionnel, nous avons pu négocier d’embarquer sur son bateau afin d’assister à la pose et à la levée des filets. Je tiens à préciser qu’il a accepté notre venue et qu’il n’en était nullement obligé. Je le remercie encore pour les moments magiques que nous avons vécus.
 
Le 16 août 2007, 7h du matin, le pécheur professionnel avait préalablement posé les filets sur la retenue. Elle était pleine à raz bord. 500 m de filet tendu sur le barrage, le résultat du premier filet est de 6 sandres, une perche, quelques brèmes. Malgré quelques écailles enlevées, le poisson pris a l’air plutôt en forme. Nous relevons les autres filets enfin une commune de 6kg. Je regarde attentivement : une écaille enlevée !!!, je l’a mets dans le vivier prévu à cet effet sur la barque, elle reprend ces esprits directement !!! Trop de bonheur, je me dis que « ça peut le faire cette pêche au filet !!! » A la fin de la relève, quatre carpes prises entre 6 et 10 kg. Nous replaçons les filets aux points stratégiques de notre barrage !!
 
Cette pêche au filet peut sembler barbare, les poissons peuvent s’emmêler, perdre des écailles et se blesser. Pourquoi faire ça et pourquoi c’est une bonne chose ? Si l’on ne fait rien lors de l’abaissement de la retenue et dès que le barrage est quasiment vide, la concentration en poisson est très importante. Or, l’eau est alors chargée en matières en suspension composées essentiellement par des limons. L’eau devient très pauvre en oxygène, les ouïes des poissons se gorgent de sédiments. Les poissons en trop forte densité lors de la dernière phase de la vidange se retrouve en concurrence par rapport à l’oxygène et meurent. Pour palier à ce problème, il n’existe que peu de solution. La pêche au filet semble être la meilleure. Elle permet de récupérer du poisson vivant, en bonne santé notamment pour les carpes et les tanches. Les carnassiers sont eux beaucoup plus fragiles, notamment en période de vidange qui est généralement lors de l’étiage (basses eaux). Vouloir les récupérer vivant est de l’utopie. Il est donc favorable de les vendre. Si nous avions attendu la fin de vidange pour les attraper, nous n’aurions eu que des poissons morts invendables.
Pour ce qui concerne cette vidange, les carnassiers ont été vendus au détail à proximité du barrage. Le bénéfice récolté permet de rempoissonner le lac. Les brèmes et les chevaines sont partis à l’équarrissage. C’est dommage de ne pas avoir pu valoriser cette ressource alors que des populations meurent de faim. Des efforts seront à faire là-dessus pour les prochaines vidanges.
 
Les poissons attrapés au filet lors de l’abaissement sont facilement gérables. Les quantités pêchées et le rythme des levées sont facilement appréhendables. Nous avons pu ainsi soigner chaque poisson abimé. Lors de la vidange d’un plan d’eau, le poisson ne descend par la vanne de fond qu’à la fin de la vidange. Par exemple, sur un plan d’eau possédant 10 tonnes de poissons, si ces derniers arrivent en même temps dans un laps de temps restreint. Il devient très difficile de s’occuper de tous voir même impossible. Par contre, si une partie de la biomasse a été prélevée lors de la phase d’abaissement, on arrive à des taux de 70% de capture par rapport au poids total de poisson. La pêche des 3 tonnes de poisson restant lors de la phase finale, est beaucoup plus simple à organiser et le risque de mortalité est ainsi largement réduit.
 
Il vaut mieux une carpe écaillée qu’une carpe morte !!
 
Tous les matins pendant une quinzaine de jour, nous avons eu l’occasion de relever les filets. Nous avons pu nous rendre compte de la population du barrage dont nous avons été quelque peu déçus. En effet, les plus grosses prises approchés les 15kg pour les carpes, 10kg pour les sandres et les brochets, 5kg pour les brèmes et 3.5kg pour les tanches. Pas de prise miracle ne fut recensé !!! Nous avons pu ainsi voir chacune des prises. Chaque jour un carnet de pêche était renseigné afin de noter le poids par espèce.
 
Lors de l’abaissement, nous avons constaté des poissons en train de piper en amont de la retenue. Ces derniers étaient restés coincés par un étranglement du barrage. Nous avons directement téléphoné au responsable de la vidange. Ce dernier nous a écouté et a ralenti le processus d’abaissement. Il est très important de suivre l’évolution de la vidange et la réaction du poisson sur la retenue. Notre observation a permis d’émettre une vigilance particulière. A cet effet, une réunion du comité de pilotage a été organisée. Il a été décidé d’augmenter le rythme des analyses et de limiter la vitesse d’abaissement. Ceci a fortement contribué à la survie de nos poissons ! Sur de telle vidange, il est très facile de commettre des erreurs qui peuvent être irrécupérables. Je tiens à souligner et à féliciter la réaction et la rapidité d’action de l’exploitant. En plus des installations prévues au départ, leur investissement et leur dévouement pour cette vidange ont été exemplaires.
De plus, les membres du club ont été entièrement intégrés à l’ensemble de la gestion de la vidange. J’ai pu faire parti du comité de pilotage. Nous avons pu assister aux prélèvements, aux analyses d’eau et de débit. De simple spectateur que nous pensions être, nous avons pu jouer un rôle prépondérant dans la gestion de la vidange. C’est « que du bonheur » d’être acteur d’un tel évènement.
Cette retenue datant de 1927 connaît une certaine sédimentation. La rivière reprenant son lit original a remis en suspension la vase accumulée troublant peu à peu l’eau de la retenue. Nous nous inquiétons vivement notamment par rapport aux résultats des analyses. La surveillance accrue nous montre qu’un des paramètres était en excès et que la teneur en oxygène dissous était proche de la limite de survie des poissons. A ce moment là, éclate un fort orage sur le haut du bassin versant. Les débits de la rivière passent de 5 à 50m3/s. Le niveau du plan d’eau est remonté de près de 3.5 mètres en une nuit. Ce fut bénéfique pour la qualité de l’eau. En effet, le volume restant à l’intérieur de la retenue a été renouvelé par 2 en moins de 24heures ce qui a permis une réoxygénation et ainsi d’éviter le pire.Quelques jours d’abaissement suivirent, nous arrêtons la pêche au filet le 31 août pour nous consacrer à la phase finale de la vidange. Nous recherchons l’emplacement du batardeau et les profondeurs disponibles pour les poissons. Le plan d’eau formé par cet ouvrage est d’environ 6 hectares pour une profondeur d’environ 4mètres au plus profond.Dans la nuit du 1 au 2 septembre, les poissons arrivent sur la grille à l’aval de la retenue. Près de 140kg de sandre dévalent suivis par environ 65 carpes. Les poissons continuèrent à passer jusqu’au passage du culot de vidange qui a eu lieu en fin de journée, le 3 septembre.Pour résumer la pêche, nous avons attrapé près de 4t700 de poisson dont près de 1T200 de carpes « VIVANTES » qui a été remise dans ce plan d’eau. Une part de poissons importante est également restée dans le batardeau. Le poids des populations de poissons d’un tel barrage est estimé théoriquement entre 50 à 100kg par hectare de retenue. Le plan d’eau moyen, en considérant le marnage, est d’une 60aines d’hectares. La population théorique est donc de 6t maximum. La pêche a permis d’attraper les 3/4 des poissons du lac. Nous avons surtout eu le temps et les moyens de nous occuper de nos carpes dans de bonnes conditions.Cette vidange a mobilisé des moyens financiers et humains très importants. Elle est pour nous un exemple à suivre quand à la qualité des résultats que nous avons obtenus.                                                                                                                                                              Guillaume
Voir vidange St Angel pour la suite du film
Vidange du Barrage des Chaumettes
(du 16 août au 3 septembre 2007)
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